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La recherche de la paternité est interdite.

Barbara Vinken

Mères spirituelles
Madres Paralelas, d’Almodovar

Übersetzt von Marc Ulrich

Veröffentlicht am 26.05.2023

Ton sang inonde la terre d'Espagne, ô Federico
Jean Ferrat, « Federico García Lorca », 1960



Qu’est-ce qu’une mère ? Un père ? Qu’est-ce que la famille ? À l’heure des tests génétiques, on peut donner à ces questions des réponses claires. L’imputabilité des ovules et des spermatozoïdes fait les mères et les pères. C’est totalement nouveau. Le père, semper incertus, avait une dimension symbolique. Dans le droit romain, ce n’était pas la naissance qui faisait de l’enfant un membre de la famille, mais sa reconnaissance par le père. Si dans sa grande sagesse, disait-on, la nature faisait les enfants à l’image de leur père, c’était pour augmenter leurs chances de survie. Du point de vue juridique, l’époux a longtemps été considéré comme le père d’un enfant né de l’union conjugale (et donc légitime), même quand il n’en était manifestement pas le père biologique. Déjà dans La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, seuls les enfants naturels, les bâtards, ressemblaient au roi Henri II. Sa femme Catherine de Médicis avait certes donné naissance à ses enfants légitimes, héritiers du trône de France, au sein de l’union conjugale, mais le père de sang n’était manifestement pas Henri II. Les « enfants de l’amour » – pour reprendre cette belle expression – c’est-à-dire les enfants de l’amant qui, même s’ils n’avaient pas été conçus avec le mari, étaient accueillis dans le couple, étaient considérés juridiquement comme les enfants de l’époux. C’est pourquoi tout était fait pour que la paternité du mari fût possible, au moins théoriquement. Pour protéger le mariage, le Code Napoléon stipulait même : « La recherche de la paternité est interdite » (Code civil des Français, p. 84). Quand une femme non mariée était enceinte d’un homme marié, elle ne pouvait exiger de lui aucune pension alimentaire.

Mais la mère non plus n’avait pas une valeur strictement biologique. Outre les mères biologiques, il y avait les mères spirituelles ; au Moyen Âge, la maternité spirituelle était la vertu suprême. L’exemple en était « Jésus comme mère » qui, en mourant, nous a enfantés par sa plaie sur le côté (Caroline Walker Bynum). Marie elle-même, déjà, avait accueilli par le cœur avant d’accueillir par la chair. L’abbesse Héloïse était certes la mère de sang d’un fils, mais en tant que mère spirituelle de ses nombreuses filles, les nonnes, elle fut – ainsi que l’a mis en lumière son ancien amant de chair, le moine et philosophe Abélard...

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Barbara Vinken

Barbara Vinken

Dr. phil. habil. (Konstanz/ Jena), Ph. D. (Yale), seit 2004 Professorin für Allgemeine Literaturwissenschaft und Romanische Philologie an der Ludwig-Maximilians-Universität München, zuvor romanistische Lehrstühle in Hamburg und Zürich. Gastprofessorin u.a. HU und FU Berlin, EHESS Paris, NYU New York, Johns Hopkins und University of Chicago. Verdienstkreuz der Bundesrepublik Deutschland und Verdienstorden Pro meritis scientiae et litterarum des Landes Bayern. Bücher: »Bel Ami« (2020); »Die Blumen der Mode: Klassische und neue Texte zur Philosophie der Mode« (2016), »Flaubert: Durchkreuzte Moderne« (2009, engl. 2015), »Angezogen: Das Geheimnis der Mode« (2013), »Bestien: Kleist und die Deutschen« (2011); »Du Bellay und Petrarca« (2001), »Die deutsche Mutter« (2001, 2007); »Mode nach der Mode√ (1993, engl. 2006); »Unentrinnbare Neugier« (1991). Außer Beiträgen zum Fach (13 Editionen, 300 Aufsätze), Medien-Präsenz in Vorträgen und Interviews, regelmäßige Beiträge für ZEIT, SZ, WELT, NZZ. Gast der Talkrunde Buchzeit in 3SAT. Weitere Informationen: http://www.barbaravinken.de/

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